Gouverner, c’est choisir, mesurer et anticiper
Pour beaucoup d’élus, la piscine publique est un symbole : un lieu de bien-être, de santé et de lien social.
Mais c’est aussi un centre de coûts, souvent mal maîtrisé, techniquement complexe, énergivore et juridiquement sensible.
La question n’est plus : faut-il une piscine ?
La question est : comment la piloter ?
Car gérer une piscine, ce n’est pas la maintenir ouverte ; c’est garantir un service public fiable, sûr, durable et lisible pour les citoyens.
Et cela relève d’un véritable acte de gouvernance politique : arbitrer, anticiper, rendre compte.
« Gérer, c’est subir. Piloter, c’est gouverner. »
— François Rosenblatt, AQUA PROXIMA
Cet article propose une grille de lecture claire :
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comprendre les enjeux du pilotage technique et économique,
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identifier les outils du contrôle public,
-
replacer la piscine dans le champ de la décision politique moderne.
I. De la gestion subie au pilotage stratégique
1. Gérer : une logique administrative et défensive
Trop souvent, les piscines publiques sont gérées dans une logique de survie :
on règle les urgences, on attend les rapports de maintenance, on réagit aux pannes.
Cette approche “réactive” produit un service fragile et coûteux :
-
budgets imprévisibles,
-
fermetures techniques non anticipées,
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tensions avec les usagers et les clubs,
-
absence de vision pluriannuelle.
Selon la Cour des comptes (rapport 2023 : La gestion des équipements sportifs),
« Le manque de pilotage global est la première cause de dérive budgétaire et de non-conformité technique dans les piscines publiques. »
Autrement dit, ce que l’on ne pilote pas finit par coûter plus cher.
2. Piloter : une posture politique et méthodique
Piloter, c’est décider en connaissance de cause, sur la base d’indicateurs techniques, financiers et humains.
C’est relier le court terme (exploitation quotidienne) au long terme (vision patrimoniale et environnementale).
Le pilotage repose sur trois principes :
| Pilier | Objectif | Outils |
|---|---|---|
| Autorité | Définir la stratégie publique et garantir la conformité | contrats, audits, reporting |
| Moyens | Doter le service d’outils, d’équipes et de budgets adaptés | plan pluriannuel, maintenance préventive |
| Compétences | Former, responsabiliser, faire monter en expertise | formation continue, management, AMO |
Ce triptyque — Autorité, Moyens, Compétences — constitue la colonne vertébrale du pilotage moderne.
3. Un enjeu de crédibilité politique
Une piscine en dérive financière ou fermée pour raison technique devient un symbole d’impuissance publique.
Inversement, un équipement performant, sobre et accueillant incarne la réussite du mandat :
-
maîtrise budgétaire,
-
respect des normes,
-
satisfaction citoyenne.
L’efficacité d’un mandat local se mesure dans la capacité à concilier vision politique et rigueur de gestion.
II. ⚙️ Les fondations du pilotage technique et budgétaire
1. Connaître son équipement : le diagnostic comme point de départ
On ne pilote bien que ce que l’on connaît.
Chaque collectivité devrait disposer d’un diagnostic d’exploitation complet :
-
état des installations techniques (CTA, filtration, chauffage),
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conformité réglementaire (AFNOR S52-014, Code du Sport R322-19),
-
coûts de maintenance,
-
consommation énergétique et d’eau,
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ratio €/baigneur et taux de couverture.
Ce diagnostic, réalisé par un expert indépendant, permet de transformer un constat technique en outil d’aide à la décision.
Références :
-
NF EN 15378-1 (2018) – Audit énergétique et maintenance des systèmes techniques.
-
AFNOR X60-000 (010 et011) – Maintenance industrielle et audit de performance.
2. Structurer la maintenance : du curatif au préventif
Le pilotage commence là où la maintenance s’organise.
Un plan de maintenance efficace intègre :
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des visites planifiées,
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une traçabilité documentaire (GMAO),
-
une hiérarchisation des risques,
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et un suivi d’indicateurs de fiabilité.
Selon l’ADEME (Guide Maintenance et Performance 2022),
chaque euro investi en maintenance préventive évite 4 à 7 euros de coûts correctifs.
➡️ La maintenance est donc un levier d’économie publique, pas une dépense.
3. Maîtriser le budget : la lecture économique du service public
Un pilotage budgétaire performant s’appuie sur :
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un compte d’exploitation prévisionnel (CEP) sur 10 ans,
-
des ratios de gestion : €/baigneur, €/m² de plan d’eau, €/MWh consommé,
-
et une ventilation claire entre P1 (énergie), P2 (entretien), P3 (renouvellement).
La transparence budgétaire n’est pas un luxe : c’est une condition de légitimité politique.
Les élus doivent pouvoir répondre simplement à la question :
“Combien coûte réellement notre piscine, et pourquoi ?”
III. Le rôle de l’élu pilote : gouverner par la maîtrise et la confiance
1. Redéfinir la responsabilité politique
L’élu local n’est pas un gestionnaire technique ; il est un garant de la cohérence publique.
Sa mission :
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fixer le cap (stratégie, durabilité, accessibilité),
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contrôler la conformité,
-
arbitrer les priorités.
Même en cas de délégation de service public (DSP), la collectivité reste responsable de la sécurité, des installations et du respect des engagements (article L.1411-1 CGCT).
Confier, ce n’est pas se décharger : c’est piloter autrement.
2. Le pilotage contractuel des prestataires
La plupart des pannes et dérives de coûts naissent de contrats de maintenance mal suivis.
Un élu pilote exige :
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un reporting trimestriel des interventions ;
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une réunion technique structurée (bilan P2/P3, conformité ARS, performance énergétique) ;
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des indicateurs de qualité (taux de disponibilité, conformité AFNOR, dérive énergétique).
Ces éléments nourrissent un dialogue technique éclairé entre collectivité, exploitant et prestataire.
3. L’élu stratège : du chiffre à la vision
Le pilotage, c’est transformer les données techniques en décisions politiques.
Exemple :
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si la consommation énergétique dépasse les objectifs du décret tertiaire, on ne cherche pas un coupable : on engage une trajectoire d’investissement.
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si la maintenance révèle une usure prématurée, on interroge la conception du contrat.
C’est dans cette capacité à interpréter les chiffres que se joue la différence entre subir et gouverner.
IV. Le pilotage, levier de transition écologique et sociale
1. La contrainte réglementaire devenue opportunité
Depuis la loi Climat et Résilience (2021) et le décret tertiaire, tous les bâtiments publics de plus de 1 000 m² doivent réduire leur consommation d’énergie de 40 % d’ici 2030.
Les piscines, parmi les ERP les plus énergivores (jusqu’à 2 000 kWh/m²/an), sont concernées au premier chef.
Mais cette obligation peut devenir un levier d’exemplarité :
-
récupération de chaleur sur effluents,
-
remplacement progressif des CTA par modèles à haut rendement,
-
pilotage numérique des consommations,
-
formation des agents à l’éco-conduite technique.
La transition énergétique n’est pas une contrainte : c’est un projet politique de modernisation.
2. La performance sociale et l’équité d’accès
Piloter, c’est aussi équilibrer les besoins sociaux : scolaires, clubs, grand public, personnes âgées.
Une collectivité moderne évalue la performance non seulement par les économies, mais aussi par l’utilité sociale :
-
nombre de scolaires accueillis,
-
taux de fréquentation des publics prioritaires,
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satisfaction usager.
Le pilotage intègre donc des indicateurs humains aux côtés des indicateurs techniques.
3. L’innovation comme outil de gouvernance
Capteurs connectés, supervision énergétique, bilans en temps réel :
le numérique est désormais un allié du pilotage public.
Mais l’outil ne remplace pas la décision : il l’éclaire.
Les élus qui intègrent la donnée dans leur stratégie passent du pilotage intuitif au pilotage éclairé.
V. Le facteur humain, condition du pilotage efficace
1. Former les cadres et techniciens à la culture du pilotage
Un système ne vaut que par ceux qui le font vivre.
Sans formation, les outils de suivi restent lettre morte.
Le CNFPT et AQUA PROXIMA insistent sur la nécessité d’une compétence managériale et technique partagée :
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lecture des contrats,
-
analyse des indicateurs,
-
communication interservices.
Former, c’est créer une communauté de pilotage : direction, agents et élus parlent le même langage.
2. Valoriser la collaboration entre service technique et direction politique
Le pilotage ne peut réussir que si les techniciens et les élus se comprennent.
Trop souvent, les échanges se limitent à des bilans formels.
Un pilotage performant repose sur un dialogue permanent :
le technicien informe, l’élu arbitre, le directeur traduit.
Cette boucle crée une intelligence collective, garante de la stabilité du service.
3. La reconnaissance comme moteur de performance
Une piscine bien pilotée, c’est aussi une équipe respectée.
Les agents qui comprennent la stratégie globale deviennent acteurs de la réussite.
Le respect produit la vigilance, la vigilance produit la sécurité, la sécurité produit la performance.
C’est cette chaîne vertueuse qu’il faut entretenir.
VI. Les outils concrets du pilotage public
1. Le tableau de bord d’exploitation
Instrument indispensable, il regroupe :
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consommations d’eau, gaz, électricité ;
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taux de disponibilité des installations ;
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fréquence et durée des arrêts techniques ;
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coûts d’exploitation ;
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fréquentation et recettes.
Un bon tableau de bord offre une vision mensuelle et prédictive : il permet d’anticiper au lieu de subir.
2. Le plan pluriannuel d’investissement (PPI)
Le PPI traduit les priorités politiques : modernisation, économies, confort.
Il doit intégrer :
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un calendrier de renouvellement des équipements,
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des enveloppes budgétaires réalistes,
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un lien direct avec les audits techniques.
Le pilotage devient ainsi prospectif, non plus réactif.
3. L’audit d’exploitation 360° : outil de gouvernance globale
Développé par AQUA PROXIMA, cet audit évalue simultanément :
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la performance technique,
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la maîtrise budgétaire,
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la cohérence managériale,
-
et la satisfaction des usagers.
Ce diagnostic complet révèle les marges de progrès et propose une trajectoire d’amélioration sur 3 à 5 ans.
« L’audit 360° est à la piscine ce que le bilan de santé est à l’organisme. »
— AQUA PROXIMA
VII. Gouverner par les faits : transparence et exemplarité
1. La transparence, base de la confiance citoyenne
Publier les données clés (coût par baigneur, économies d’énergie, fréquentation) crée un lien de confiance entre élus et habitants.
Le citoyen comprend alors que son impôt finance un service efficace et durable.
La transparence n’affaiblit pas l’élu ; elle renforce sa légitimité.
2. L’exemplarité politique
Un centre aquatique sobre, bien entretenu et bien piloté devient un étendard de gouvernance :
il montre que la collectivité sait gérer, innover et servir.
C’est un capital politique tangible, visible, mesurable.
3. Le pilotage comme culture administrative
Au-delà des personnes, il faut bâtir une culture durable du pilotage :
procédures, tableaux de bord, réunions de revue, audit régulier.
Ainsi, le service public résiste aux changements de mandats.
Conclusion – Piloter, c’est gouverner ; gouverner, c’est servir
La piscine publique n’est pas un équipement secondaire.
C’est un laboratoire de service public, où se mesurent :
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la rigueur budgétaire,
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la maîtrise technique,
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la qualité de la relation humaine,
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et la crédibilité politique.
Gérer, c’est faire fonctionner.
Piloter, c’est donner du sens.
Reprendre la main sur la maintenance, la performance et la qualité du service, c’est reprendre la main sur la confiance citoyenne.
L’élu pilote n’est pas celui qui fait à la place des autres,
mais celui qui fait que les autres font mieux.
AQUA PROXIMA – Le partenaire des collectivités performantes
AQUA PROXIMA accompagne les collectivités dans le pilotage technique, budgétaire et managérial de leurs piscines publiques :
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Références
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Cour des comptes (2023) – La gestion des équipements sportifs municipaux
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AFNOR X60-000 à 011 – Maintenance et audit de performance
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NF EN 15378-1 (2018) – Audit énergétique et maintenance des systèmes techniques
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Code général des collectivités territoriales – Art. L.1411-1 (DSP)
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Code du Sport – Art. R322-19
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Loi Climat et Résilience (2021) – Décret tertiaire
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ADEME (2022) – Maintenance et performance énergétique
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Institut de la Gouvernance Territoriale (2023) – Pilotage public et responsabilité locale
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AQUA PROXIMA (2024) – Études d’audits et diagnostics d’exploitation 360°