QUAND LA TECHNIQUE PREND LE PAS SUR LA VOCATION

Une pompe tombe en panne, une chaudière s’arrête, une filtration se colmate.
Les élus s’inquiètent, les usagers râlent, les techniciens s’activent.
Mais derrière cette agitation quotidienne, une autre panne — plus silencieuse, plus insidieuse — fragilise nos piscines publiques :
celle du sens, du “pourquoi”.

Pendant des années, le service public aquatique s’est construit autour de la performance technique : qualité d’eau, conformité, consommation d’énergie.
Mais à force de parler budget, rendement et maintenance, on en a oublié la finalité première : servir, éduquer, relier.

“Une piscine, ce n’est pas seulement un équipement, c’est une promesse sociale.”
François Rosenblatt, AQUA PROXIMA

Aujourd’hui, les chiffres sont maîtrisés, mais les équipes s’épuisent.
Les bassins tournent, mais les vocations s’éteignent.
Le service public fonctionne, mais il ne se raconte plus.

Et si la vraie panne n’était pas dans la machine, mais dans la perte de sens collectif ?

I. ⚙️ DE LA PISCINE ÉQUIPEMENT À LA PISCINE SERVICE PUBLIC

1. La mutation silencieuse du modèle aquatique

Les piscines publiques françaises ont longtemps été pensées comme des ouvrages techniques :
des volumes à chauffer, à filtrer, à entretenir.
Elles étaient le symbole d’une époque : celle du progrès, de la République bâtisseuse.

Mais la société a changé.
Les attentes se sont déplacées : bien-être, sport santé, inclusion, expérience usager.
Le citoyen n’attend plus seulement une eau propre : il veut du sens, du lien, une émotion.

Pourtant, nombre de collectivités continuent de piloter leurs piscines comme dans les années 1980, en additionnant des mètres cubes, des kilowattheures et des ratios budgétaires.
La conséquence : un écart croissant entre la mission et la perception.

Le service public s’est technicisé, au risque de se désincarner.

2. Le poids de la rationalisation

Les réformes successives ont inscrit dans le marbre une logique de productivité publique.
Chaque agent doit “faire plus avec moins”.
Chaque directeur devient gestionnaire, chaque élu devient contrôleur.

“On a voulu rationaliser le service public, on a oublié de le réhumaniser.”
AQUA PROXIMA, Audit Gouvernance 2024

La piscine n’échappe pas à cette dérive :
le plan d’eau devient un coût, la maintenance un contrat, le personnel une ligne budgétaire.
Mais un service public réduit à sa mécanique perd son âme.

3. Le paradoxe du pilotage moderne

Les élus disposent aujourd’hui d’outils puissants :
tableaux de bord, bilans d’exploitation, contrats de maintenance P2/P3, indicateurs de fréquentation.
Mais ces instruments, censés donner de la maîtrise, éloignent parfois de la réalité humaine.

Le pilotage n’a de sens que s’il sert une vision.
Sans cap politique, il devient une navigation circulaire : on corrige, on ajuste, mais on n’avance plus.

II. LA PERTE DE SENS : DES SYMPTÔMES QUI NE TROMPENT PAS

1. Des équipes démotivées malgré la compétence

Les techniciens sont formés, les agents sont qualifiés, les procédures sont écrites.
Pourtant, le moral s’effrite.
Les audits menés par AQUA PROXIMA en 2024 montrent que :

  • 72 % des agents interrogés ne perçoivent plus clairement la finalité de leur mission,

  • 58 % estiment ne pas être associés aux décisions,

  • et 41 % ne se sentent “ni écoutés, ni reconnus”.

La compétence ne suffit pas à créer l’engagement.
Sans vision partagée, la performance devient mécanique.

2. Des directeurs sous tension

Les directeurs de centres aquatiques sont pris en étau :

  • entre les injonctions politiques et les contraintes techniques,

  • entre la gestion RH et la sécurité,

  • entre le court terme du quotidien et le long terme des investissements.

Le résultat ?
Un épuisement professionnel rampant, parfois masqué par la loyauté.
Beaucoup confessent :

“Je passe mes journées à éteindre des feux, plus à construire un projet.”

C’est le signe d’une panne de sens institutionnelle : quand la mission politique devient floue, tout l’édifice s’affaiblit.

3. Des élus éloignés du terrain

La multiplication des niveaux de décision (communes, intercommunalités, SPL, DSP) a éloigné les élus de la réalité du terrain.
Le dialogue entre la stratégie et l’exécution s’est distendu.

Or, une piscine n’est pas un centre de coût : c’est un centre de vie, où se croisent enfants, seniors, clubs, écoles, associations.
Quand l’élu cesse d’écouter le terrain, le sens s’évapore.

III. LE SERVICE PUBLIC : UNE QUESTION DE POURQUOI

1. Servir, pas seulement gérer

Le philosophe Paul Ricœur écrivait :

“Le service public n’est pas d’abord une institution, c’est une intention.”

Cette intention, c’est celle de rendre le collectif meilleur :
enseigner la natation, prévenir les noyades, offrir un espace de santé, de lien et de citoyenneté.

Mais cette mission s’érode quand l’attention se focalise uniquement sur la conformité technique.
Une eau parfaite, sans relation humaine, n’a pas de valeur sociale.

2. Le sens, moteur de la performance

Le rapport CNFPT 2023 sur l’engagement public démontre que les agents ayant une vision claire de leur utilité ont un taux d’absentéisme 30 % inférieur à la moyenne.
Le sens n’est pas un concept moral : c’est un levier de performance mesurable.

“L’humain n’est pas le problème du service public ; il en est la solution.”
François Rosenblatt

3. Les collectivités en quête de repères

Dans un contexte d’austérité budgétaire et de transition écologique, les collectivités ont besoin de nouvelles boussoles.
Le sens est la plus efficace :

  • il oriente les choix,

  • fédère les équipes,

  • et donne de la cohérence à l’action.

Sans sens, le service public devient un gestionnaire d’incidents.
Avec du sens, il redevient un acteur du bien commun.

IV. RECONNECTER LE SENS : LES LEVIERS CONCRETS

1. Redonner la parole à ceux qui font

Le premier pas, c’est écouter.
Pas pour contrôler, mais pour comprendre.
Organiser des groupes de parole, des réunions d’équipe participatives, des retours d’expérience après incident :
autant de moments où le sens se reconstruit collectivement.

“Ce que l’on comprend ensemble, on le défend ensemble.”
AQUA PROXIMA, Formation Management 2024

2. Valoriser la mission, pas seulement la tâche

Beaucoup d’agents ont oublié pourquoi leur métier compte.
Il faut réancrer la signification derrière chaque geste :

  • nettoyer, c’est garantir la santé publique ;

  • enseigner, c’est prévenir la noyade ;

  • maintenir, c’est protéger les usagers.

La valorisation passe aussi par la reconnaissance institutionnelle :
cérémonies internes, valorisation sur les réseaux, félicitations en conseil communautaire.

3. Former à la culture du service public

La formation continue ne doit pas être uniquement technique.
Elle doit inclure :

  • le sens du service,

  • la communication intergénérationnelle,

  • la gestion des émotions,

  • la posture d’ambassadeur du service public.

C’est ce qu’AQUA PROXIMA promeut à travers ses modules “Qualité de service & expérience usager” et “Management humain”.
Un agent formé au sens de sa mission devient acteur de la performance collective.

4. Donner un cap politique clair

Le sens se diffuse par le haut.
C’est à l’élu, au président d’EPCI, au directeur général des services, de rappeler la vocation du service :
pas seulement ouvrir les portes, mais ouvrir des possibles.

Chaque investissement, chaque choix budgétaire, doit répondre à cette question simple :

“En quoi cela sert-il le citoyen ?”

Ce filtre redonne de la cohérence à la décision publique.

V. ⚖️ LE RÔLE DU MANAGEMENT : DU CONTRÔLE À LA CONFIANCE

1. Le management de proximité comme courroie du sens

Les encadrants — chefs de bassin, responsables techniques, coordinateurs — sont les passeurs du sens.
Mais encore faut-il qu’ils soient formés à la communication et à l’écoute.

Un manager formé sait :

  • transformer une consigne en projet,

  • un conflit en dialogue,

  • une erreur en apprentissage.

“Le rôle du manager n’est pas de surveiller, mais de donner envie.”
Peter Drucker

2. La confiance comme moteur de performance

Les piscines les plus performantes ne sont pas celles où l’on contrôle tout,
mais celles où les équipes se font confiance.

La confiance :

  • allège la hiérarchie,

  • fluidifie la décision,

  • renforce la responsabilité.

Une étude de l’Institut de la Gouvernance Territoriale (2023) montre que la confiance managériale augmente de 20 % la productivité des services publics à effectif constant.

3. Le management exemplaire

Un directeur de piscine ou un élu ne “commande” pas ; il incarne.
Son attitude donne le ton : transparence, respect, exigence bienveillante.

“L’exemplarité n’est pas un bonus, c’est une condition de légitimité.”
Jean Monnet

VI. REPLACER LE SENS AU CŒUR DU PILOTAGE PUBLIC

1. Le sens comme indicateur de performance

Les collectivités évaluent déjà :

  • la fréquentation,

  • le coût par baigneur,

  • la consommation énergétique.

Mais qui mesure le taux de satisfaction des équipes ?
Le niveau de compréhension du projet collectif ?
Ces indicateurs “intangible” sont pourtant les plus révélateurs de la santé du service.

AQUA PROXIMA intègre désormais dans ses audits 360° une analyse du sens perçu, via des entretiens et des indicateurs de climat organisationnel.

2. L’audit managérial comme levier de transformation

Diagnostiquer la perte de sens, c’est oser regarder ce qu’on ne mesure pas.
L’audit managérial révèle :

  • les dissonances entre discours et pratiques,

  • les zones de silence,

  • les points de friction entre équipes et direction.

C’est un outil de reconstruction de la cohérence collective.

3. Une gouvernance du sens

Piloter, ce n’est pas seulement maîtriser les chiffres.
C’est être capable de donner du sens à l’action publique.
Dans un monde où tout s’accélère, la lenteur du sens devient une force.

“Le sens, c’est ce qui relie la technique à la finalité, le budget à la vision, et la gestion à la vocation.”
François Rosenblatt, AQUA PROXIMA

CONCLUSION — LA VRAIE PANNÉ, C’EST L’OUBLI DU POURQUOI

Les piscines publiques ne manquent pas d’eau, d’énergie ou de contrats.
Elles manquent souvent de sens partagé.

Redonner du sens, c’est redonner du souffle.
C’est faire comprendre à chacun — élu, technicien, agent, usager — pourquoi il agit.

Le jour où les équipes se rappellent pourquoi elles ouvrent les portes chaque matin,
les pannes cessent d’être des fatalités,
et la piscine redevient ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être :
un espace de service, de santé et d’humanité.

“Ce n’est pas le système qui donne du sens au service public, c’est le sens qui redonne vie au système.”
François Rosenblatt

AQUA PROXIMA – Réhumaniser la performance publique

AQUA PROXIMA accompagne les collectivités dans la reconstruction du sens et de la cohérence du service public aquatique :

  • Audits managériaux 

  • Formations “Management et communication”

  • Accompagnements de direction

  • Stratégie de gouvernance et de sens collectif

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RÉFÉRENCES

  • CNFPT (2023)Engagement, motivation et absentéisme dans la fonction publique territoriale

  • Cour des comptes (2023)La gestion des équipements sportifs municipaux

  • INRS (2022)Facteurs psychosociaux et QVT dans les métiers du sport et de la piscine

  • Institut de la Gouvernance Territoriale (2023)Leadership et performance dans le service public local

  • Paul Ricœur (1991)Le Juste II

  • AQUA PROXIMA (2024)Études de climat managérial et audit 360° des piscines publiques françaises