Régie ou DSP pour les piscines publiques : ce que disent vraiment les études (et ce que personne n’ose dire)

I. Introduction : un débat qui revient dans chaque territoire – et qui oppose souvent plus qu’il n’éclaire

Dans presque toutes les intercommunalités, dans les villes moyennes comme dans les métropoles, la question revient régulièrement :

Faut-il garder la gestion du centre aquatique en régie directe ?
Ou faut-il basculer vers une délégation de service public (DSP) ?
Quel est le mode de gestion réellement le plus performant ?

Ce débat est tellement central qu’il en devient parfois… idéologique :

  • d’un côté, les défenseurs historiques de la régie, attachés à une vision de proximité,

  • de l’autre, ceux qui voient la DSP comme une réponse moderne permettant professionnalisation, performance et maitrise du risque d’exploitation.

La vérité ?
Les études nationales, les rapports locaux, les benchmarks et l’observation de terrain montrent que le débat régie / DSP n’est pas le bon si on ne commence pas par analyser la capacité de la collectivité à piloter son service public aquatique.

Autrement dit :
➡️ Ce n’est pas le mode de gestion qui fait la performance. C’est la gouvernance.

À travers cet article, je propose une synthèse de ce que disent réellement les études publiques et professionnelles, mais aussi les constats issus de mon expérience de consultant, d’auditeur et de directeur national d’exploitation dans le secteur.

II. Ce que dit la Cour des comptes : la question clé n’est pas régie ou DSP… mais le manque de pilotage

Dans son rapport de référence (2018), la Cour des comptes pose un diagnostic que tout élu devrait lire. Je le résume ici en trois points majeurs :

1. Une connaissance du coût réel souvent insuffisante en régie

Dans la majorité des collectivités, le coût d’exploitation exact d’une piscine reste mystérieux :

  • les charges de personnel sont mal ventilées,

  • les coûts énergétiques ne sont pas dissociés par bassin ou usage,

  • la maintenance est sous-estimée,

  • les amortissements sont rarement pris en compte.

Résultat : la décision politique repose souvent sur une vision incomplète du coût du service public.

2. En DSP, le pilotage du contrat reste trop faible

La Cour des comptes n’est pas tendre avec les gestionnaires publics :

  • contrôles irréguliers,

  • absence de réunion de suivi trimestriel,

  • indicateurs non encadrés,

  • manque de compétences internes pour contrôler le délégataire.

Une DSP laissée en roue libre devient un contrat où tout le monde perd : l’élu, l’usager et même le délégataire qui se retrouve seul à gérer la complexité.

3. Les écarts de performance sont plus liés à la maturité de la collectivité qu’au mode de gestion

Le point que les élus ignorent le plus souvent :
➡️ Il existe des piscines en régie excellentes… et d’autres catastrophiques.
➡️ Il existe des DSP exemplaires… et d’autres totalement défaillantes.

Ce qui explique les écarts n’est pas le statut juridique. C’est la gouvernance.

III. L’OFGL : la première base nationale qui permet de comparer les piscines entre elles

L’étude 2023 de l’OFGL (“Combien ça coûte ?”) marque un tournant dans l’analyse des équipements aquatiques.

1. Une confirmation : les piscines ont un déficit structurel

Et cela, en régie comme en DSP.
L’OFGL montre que :

  • le coût moyen varie fortement selon le type d’équipement,

  • l’accueil scolaire pèse lourd,

  • l’énergie représente une part importante des dépenses,

  • la masse salariale est le premier poste budgétaire.

2. La variance des coûts est énorme… dans les deux modes de gestion

C’est un des enseignements majeurs de l’étude :

➡️ Deux piscines en régie peuvent avoir des coûts qui varient du simple au triple.
➡️ Même chose entre deux DSP.

Les élus pensent souvent que “la DSP est chère” ou que “la régie n’est plus tenable”.
Mais les chiffres prouvent l’inverse :
la différence réside dans l’organisation, le pilotage et la maîtrise des process.

3. Les équipements les plus récents basculent massivement en DSP

L’OFGL confirme que :

  • les centres aquatiques modernes (grands bassins, bien-être, activités aquasportives…)

  • sont beaucoup plus souvent confiés à des opérateurs via DSP.

Pourquoi ?
Parce qu’ils nécessitent :

  • une expertise de maintenance complexe,

  • une maîtrise du risque de fréquentation,

  • des compétences commerciales,

  • un suivi technique en continu.

IV. Banque des Territoires & Place du Pro : l’analyse de terrain

Ces deux acteurs ont produit plusieurs dossiers particulièrement riches, que l’on peut résumer ainsi :

1. En régie : un modèle qui peut fonctionner mais très exigeant

La régie fonctionne bien lorsque :

  • le directeur est expérimenté,

  • l’organisation est stable,

  • les niveaux de service sont clairement définis,

  • la collectivité investit régulièrement dans la maintenance,

  • des indicateurs de suivi sont mis en place.

Mais la régie s’effondre lorsque :

  • le management est faible,

  • il n’y a pas de contrôle des coûts,

  • le personnel n’est pas accompagné,

  • la maintenance est vue comme une dépense et non un investissement.

Ce n’est pas rare d’observer en régie :

  • des ratios RH très supérieurs aux standards,

  • des dérives de consommation d’eau et d’énergie,

  • des équipements mal entretenus faute de compétences,

  • une offre de services figée.

2. En DSP : des résultats supérieurs lorsque le contrat est bien piloté

La DSP est performante quand :

  • le contrat est précis,

  • les obligations d’investissement sont claires,

  • la collectivité suit l’exploitation,

  • des tableaux de bord sont partagés,

  • les comités de suivi trimestriels existent réellement,

  • les objectifs sont mesurables.

Mais une DSP mal suivie peut dériver très vite :
➡️ c’est l’équivalent d’un avion sans contrôle aérien.

3. Le point commun aux équipements performants

Quel que soit le mode de gestion, les centres réussissent lorsqu’ils disposent de :

  1. Outils de pilotage (indicateurs, bilans mensuels).

  2. Une direction compétente (interne ou délégataire).

  3. Une vision politique claire (missions, tarifs, horaires).

  4. Un audit régulier pour éclairer les décisions.

V. Ce que montrent les rapports préalables au choix du mode de gestion

Les rapports préalables produits avant le lancement d’une DSP (obligatoires depuis la loi Sapin) montrent une méthodologie commune.

1. Analyse de la situation et des besoins
  • bassin de vie,

  • missions du service public,

  • caractéristiques de l’équipement (âge, vétusté, risques),

  • fréquentation prévisionnelle,

  • besoins en maintenance et en énergie.

2. Analyse financière
  • coût complet en régie,

  • prévisionnel en DSP,

  • analyse du risque financier,

  • besoins d’investissement.

3. Analyse juridique et organisationnelle
  • capacités internes de la collectivité,

  • maturité RH,

  • définition des responsabilités,

  • comparaison régie / DSP / ….

4. Matrice de risques

Les collectivités découvrent souvent à cette étape que :

  • la régie internalise tout le risque d’exploitation,

  • la DSP transfère une partie significative des risques au délégataire,

  • mais nécessite un suivi expert.

VI. Ce que démontrent vraiment toutes les études : la clé, c’est la maturité de la collectivité

Il serait plus simple de dire :
➡️ “La DSP est meilleure.” ou
➡️ “La régie est plus vertueuse.”

Mais aucune étude sérieuse ne le dit ainsi.

Les conclusions convergent vers une seule vérité :

Le bon mode de gestion est celui que la collectivité est capable de piloter.

VII. Les compétences nécessaires selon le mode de gestion

1. En régie, la collectivité doit maîtriser :
  • la gestion RH et les plannings complexes,

  • l’accueil, la sécurité et la surveillance,

  • la maintenance technique,

  • la gestion énergétique,

  • l’analyse économique,

  • la gestion commerciale (activités, revenus annexes),

  • la communication et le marketing.

C’est un métier extrêmement complet, parfois sous-estimé par les élus.

2. En DSP, la collectivité doit maîtriser :
  • la rédaction du contrat,

  • la définition des indicateurs,

  • le contrôle des engagements,

  • le suivi trimestriel,

  • la validation des investissements,

  • la lecture des bilans d’exploitation,

  • la capacité à challenger l’exploitant.

Une DSP efficace nécessite un délégant fort, formé et structuré.

VIII. Les 3 facteurs clés communs aux piscines performantes

Au-delà du mode de gestion, on retrouve dans toutes les piscines efficaces trois éléments fondamentaux :

1. Des indicateurs clairs et partagés
  • fréquentation par segment,

  • taux d’occupation des bassins,

  • ratio RH / bassin / m³,

  • coût par baigneur,

  • coût énergétique par zone,

  • performance de la maintenance,

  • taux de renouvellement d’eau,

  • recettes par activité.

2. Un pilotage régulier

Avec :

  • réunions sur site, mensuelles et/ou trimestrielles,

  • arbitrages énergétiques,

  • suivi des dérives,

  • plans d’actions mesurables.

3. Un audit d’exploitation indépendant tous les 3 à 5 ans

Les études nationales montrent que :

  • les dérives apparaissent dès la 2e année,

  • les défauts d’entretien prennent racine en silence,

  • les coûts cachés explosent après 5 à 7 ans.

Un audit externe permet de :

  • recaler les pratiques,

  • détecter les dérives,

  • objectiver le dialogue élu / exploitant,

  • revoir le modèle économique,

  • ajuster le contrat ou la régie.

C’est exactement ce que propose AQUA PROXIMA :
➡️ Le Diagnostic d’Exploitation 360°.

IX. Conclusion : régie ou DSP ? Ce n’est pas une question juridique. C’est une question stratégique.

À la question “Quel est le meilleur mode de gestion ?”, la seule réponse honnête et experte est la suivante :

Le meilleur mode de gestion est celui qui correspond à votre niveau de maîtrise, votre ambition politique, votre capacité à piloter et la nature de votre équipement.

La régie est performante lorsque :
  • les compétences sont là,

  • la collectivité investit,

  • les indicateurs sont suivis,

  • l’équipe est stable et managée.

La DSP est performante lorsque :
  • le contrat est précis,

  • les objectifs sont mesurables,

  • le suivi est rigoureux,

  • la collectivité contrôle réellement l’exploitant.

Ni l’un ni l’autre n’est “meilleur”.
Mais l’un ou l’autre peut devenir catastrophique si la gouvernance est absente.

X. Passez à l’action

Vous souhaitez évaluer objectivement le mode de gestion de votre centre aquatique ?
Vous préparez un débat politique sur régie vs DSP ?
Vous avez besoin d’un regard expert, indépendant et fondé sur les données nationales ?

AQUA PROXIMA accompagne les collectivités dans :

  • le choix du mode de gestion,

  • l’audit d’exploitation,

  • le pilotage des DSP,

  • l’analyse financière et la projection OPEX.

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