1️⃣0️⃣ chiffres chocs sur les piscines françaises en 2025
(et comment s’en servir pour piloter des décisions efficaces)
La piscine publique est à la fois l’équipement sportif le plus fréquenté, le plus coûteux à exploiter… et l’un des plus utiles socialement.
En 2025, elle concentre des tensions inédites : vieillissement accéléré du parc, coûts d’énergie encore volatils, pression réglementaire, pénurie de compétences, montée des attentes usagers (bien-être, sport-santé, hygiène et confort).
Pour sortir des débats flous, mettons des chiffres sur la table : dix indicateurs objectivés, adossés à des sources publiques, pour éclairer les arbitrages budgétaires, techniques et politiques des prochains mois.
1) 60 % des piscines ont plus de 30 ans
Le parc français s’est massivement construit dans les années 1970-1980 (plan « 1000 piscines »).
Résultat : 60 % des équipements ont dépassé la barre des 30 ans, avec les conséquences attendues en matière de performance énergétique, d’obsolescence technique et d’agrément d’usage. C’est l’une des raisons majeures des surcoûts d’exploitation observés aujourd’hui. La librairie ADEME
✔️ Pourquoi c’est décisif :à 30-40 ans, les bâtiments et lots techniques (CTA, déshu, filtration, désinfection, CVC, enveloppe) exigent des remises à niveau lourdes.
Une rénovation bien pensée améliore la sécurité sanitaire, le confort et l’efficience (jusqu’à –20 à –40 % sur l’énergie selon les gisements), tout en permettant de repositionner l’offre (aquasports, sport-santé, activités génératrices de recettes). FEDENE
2) Le personnel pèse ~50 % des charges
Dans l’observatoire financier (échantillon multi-villes), les frais de personnel représentent en moyenne 50 % du total des charges d’une piscine ; suivent l’amortissement (22 %) et les fluides (17 %). Les « autres charges » (maintenance, contrats, produits, etc.) comptent pour 11 %. Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif : le levier n° 1 n’est pas la « chasse aux kWh » isolée mais un pilotage opérationnel global : planification fine des plages d’ouverture, organisation des équipes, montée en compétences (qualité d’eau/air, maintenance préventive P2-P3), polyvalence maîtrisée, et tarification/programmation adaptées aux profils de fréquentation. Collectivités Locales
3) Coût complet moyen : 4 250 €/jour et 12 €/passage
En intégrant l’amortissement (indispensable pour une vision sincère du coût), le coût complet moyen observé est d’environ 4 250 € par jour et > 12 € par passage, avec de fortes variabilités selon le type d’équipement et son niveau de fréquentation. Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif :ces ordres de grandeur rendent concrets les discussions budgétaires (même quand la compta locale n’intègre pas toujours l’amortissement).
Ils permettent de cibler les priorités : gains d’efficience énergétique, lissage de fréquentation, offres à forte valeur (aquabike, cours premium, clubs) et stratégie de recettes annexes (enseignements, locations, bien-être). Collectivités Locales
4) Coût net moyen après recettes : 3 390 €/jour
Une fois les produits d’activité déduits, le coût net moyen pour la collectivité ressort à ~3 390 € par jour(échantillon OFGL).
C’est un repère utile pour comparer des scénarios d’ouverture, d’activités encadrées, ou de mode de gestion (régie / DSP / mixte). Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif : piloter « au net » évite les faux débats. Une heure d’ouverture supplémentaire peut être pertinente si elle convertitdu déficit en valeur (recettes directes + indirectes : santé, social, écoles, attractivité).
À l’inverse, des créneaux faiblement productifs, mal positionnés ou coûteux en moyens humains/techniques peuvent être reconfigurés. Collectivités Locales
5) Noyades été 2025 (1er juin–13 août) : 1 013 accidents dont 268 décès, +14 % vs 2024
Le bilan 2025 de Santé publique France montre 1 013 noyades en France (dont 268 mortelles) sur la période observée, soit +14 %de noyades par rapport à 2024.
Les épisodes de fortes chaleurs ont nettement accru la fréquentation de sites non aménagés et non surveillés. Santé Publique France
✔️ Pourquoi c’est décisif : au-delà de l’émotion, ces chiffres plaident pour une politique locale volontariste : apprentissage précoce et continu de la nage, créneaux scolaires protégés, information-prévention en période de canicule, et maintien d’une offre de bassins de proximité pour réduire l’exposition aux milieux non surveillés. Santé Publique France
6) Apport d’eau neuve : 30 L/baigneur/jour (min.), 50 L recommandés
La réglementation française impose au moins 30 litres d’eau non recyclée par baigneur et par jour ; la recommandation couramment rappelée par les autorités et documents ministériels porte à 50 L/baigneur/jour l’objectif prudentiel. Assemblée nationaleMinistère de la Santé
✔️ Pourquoi c’est décisif : l’apport d’eau neuve pèse directementsur les volumes (et donc sur l’énergie pour le réchauffage).
Une politique d’hygiène usager (douche savonnée, pédiluves, tenue de bain adaptée), une filtration performante, et un pilotage fin de la fréquentation (densité de baigneurs) peuvent faire baisser la charge d’appoint tout en améliorant la qualité de l’eau/air. Ministère de la Santé
7) Dépenses de fluides : un peu plus de 2 €/passage en moyenne
Rapportées à la fréquentation, les dépenses de fluides (eau, électricité, chauffage) s’établissent en moyenne à un peu plus de 2 €/passage sur l’échantillon OFGL, avec des écarts forts selon la configuration (couvert/plein air, volumes d’eau/air, usage). Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif : c’est l’indicateur-pont entre technique et offre de service. Il oriente :
- la priorisation des travaux (récupération de chaleur, isolation, CTA/déshu haut rendement, optimisation des vitesses de pompes/ventilos, régulation) ;
- la programmation (lisser les pics, caler les activités intensives aux heures les moins coûteuses) ;
- la formation des équipes (paramétrage, suivi des dérives, maintenance préventive). FEDENE
8) Fréquentation type : ~125 000 passages/an
Dans l’échantillon OFGL, la fréquentation annuelle s’échelonne de < 7 600 à > 390 000 passages, avec une moyenne autour de 125 000. C’est une jauge utile pour situer votre équipement par rapport à des « pairs ». Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif : la densité de fréquentationpilote beaucoup de choses : coût par passage, choix techniques (dimensionnement, taux de recyclage), stratégie d’offre et de prix.
Les piscines centrales présentent en moyenne des volumes plus élevés et diluent mieux les coûts fixes ; les piscines de quartier demandent une programmation très ciblée (proximité, écoles, santé, horaires « ultra-locaux »). Collectivités Locales
9) Répartition des usages : 56 % grand public vs 44 % activités encadrées
Toujours sur l’échantillon, la fréquentation se compose en moyenne de 56 % de séances publiques et 44 % d’activités encadrées (scolaires, clubs, leçons, stages, etc.). Collectivités Locales
✔️ Pourquoi c’est décisif : cet équilibre conditionne vos recettes (les activités encadrées « qualifiées » portent mieux la valeur) et votre qualité sanitaire(densité de baigneurs, matières organiques, chloramines).
Travailler les mix-produits (aquabike, aquafitness, rééducation, bébés nageurs, créneaux clubs + enseignement) et le calendrier fin (concurrence locale, temps scolaires) permet d’optimiser à la fois les recettes et l’hygiène. Collectivités Locales
10) Qualité de l’air : trichloramine ≤ 0,3 mg/m³ (valeur guide ANSES)
La trichloramine (NCl₃), sous-produit issu de la réaction chlore × matières organiques, est hautement irritante.
L’ANSES recommande une valeur limite de 0,3 mg/m³ dans l’air des halls de bassins (des valeurs de 0,5 mg/m³ ont historiquement été utilisées comme seuils d’inconfort par l’INRS). Le respect de 0,3 mg/m³ est désormais la référence de prudence. AnsesINRS
✔️ Pourquoi c’est décisif : c’est un indicateur-santémajeur pour usagers et personnels.
Il dépend autant des usages(douches savonnées, densité de baigneurs) que des techniques(taux d’air neuf, captation en surface, déshu/CTA, optimisation du chlore combiné).
L’ozonation en amont (bien conçue) et une filtration performante contribuent à réduire les précurseurs de chloramines et les THM. Péren
Ce que révèlent ces 10 chiffres
Vieillissement + demandes accrues = double contrainte. Un parc dont 60 % dépasse 30 ans entraîne dérives énergétiques, pannes et inconfort (air/eau). Dans le même temps, les usages évoluent : sport-santé, bien-être, cours encadrés, accessibilité, inclusion, hygiène renforcée. Rénover, ce n’est pas seulement « refaire à l’identique », c’est réaligner l’équipement sur les attentes réelles… et réduire le coût unitaire par passage. La librairie ADEMEFEDENE
Les RH sont le centre de gravité. Avec ~50 % des charges en personnel, la qualité de l’organisation pèse davantage que n’importe quel gadget technique isolé. Une planification intelligente (horaires, polycompétences pertinentes), la formation (traitement d’eau/air, maintenance P2-P3, accueil-conflits, management) et une offre clarifiée sont les plus gros multiplicateurs d’efficience. Collectivités Locales
La vérité des coûts passe par l’amortissement. Les collectivités comparent trop souvent des modèles sans intégrer le coût complet. Or les repères 4 250 €/jour et 12 €/passage (moyenne échantillon) changent le regard : l’« économie » n’est pas de fermer des créneaux à l’aveugle, mais de programmer pour créer de la valeur et d’abaisser les postes techniques avec un plan d’actions chiffré. Collectivités Locales
Eau et air, un couple indissociable. Le 30–50 L/baigneur/jour et la cible ≤ 0,3 mg/m³ de trichloramine relient l’hygiène des baigneurs (douche savonnée, tenue), la filtration et la ventilation/déshu. Les investissements « qui soignent l’air » soignent aussi l’expérience usager, l’absentéisme des équipes, et la réputation de l’équipement. Ministère de la SantéAnses
⚠️ Prévention & service public. La hausse des noyades 2025 rappelle que la piscine n’est pas un « coût » isolé : c’est un outil de prévention. Garantir des créneaux scolaires stables et des enseignements qualifiés fait baisser le risque en milieux ouverts – et soutient des politiques locales de santé. Santé Publique France
✅ 7 pistes concrètes pour améliorer l’équation (technique, financière, usagers)
1️⃣ Mettre à jour le diagnostic technique & d’exploitation Audit 360° (bâtiment, CVC, traitement d’eau/air, hygiène, sûreté, PMS, data d’exploitation), cartographie des gisements d’économies : réglages (consignes, débits, vitesses), relamping, récupération d’énergie, qualité de l’air intérieur. Objectif : un plan en 12–24 mois priorisant ROI et confort. FEDENE
2️⃣ Reprogrammer l’offre Caler l’offre encadrée (aquabike, aquafitness, natation santé, bébés nageurs, clubs) sur les heures à plus forte valeur, lisser l’usage du grand public, ouvrir des créneaux courts & denses. Suivre coût/recette par créneau et fluides/passages pour piloter. Collectivités Locales
3️⃣ Traiter l’air comme une priorité sanitaire Cibler NCl₃ ≤ 0,3 mg/m³ : optimisation CTA/déshu, taux d’air neuf, captation proche de la surface, stratégie anti-chloramines (règles d’hygiène usagers, oxydation avancée pertinente). Mesurer, afficher, corriger. Anses
4️⃣ Hygiène usagers = eau neuve maîtrisée Charte d’hygiène (douche savonnée obligatoire, pédiluves, tenues adaptées, rappel parents/enfants), communication pédagogique et contrôle bienveillant : c’est le levier le plus « bas coût » pour alléger l’apport 30–50 L et limiter les sous-produits de chloration. Ministère de la Santé
5️⃣ Maintenance préventive P2-P3 outillée Check-lists, GMAO, pièces critiques en stock, formation des équipes, revues de performance mensuelles (carte des dérives). Le coût évité (pannes, pertes de service, surconsommations) est massif à l’échelle d’une année. Collectivités Locales
6️⃣ Modèle économique transparent Mettre en regard coût complet et valeur sociale (apprentissages, prévention noyades, inclusion, santé). Mesurer coûts/passages avant/après reprogrammation pour objectiver les progrès. C’est aussi indispensable pour arbitrer SPA/SPIC/DSP avec sérieux. Collectivités Locales
7️⃣ Plan pluriannuel de rénovation Prioriser enveloppe et lots techniques « surdéterminants » (CVC, déshu, filtration, récupération chaleur), avec scénarios de phasing pour maintenir l’offre. L’objectif n’est pas de « reconstruire » : c’est de réalignerl’équipement sur 15 ans de besoins et de diviser durablement les coûts variables par passage. FEDENE
⁉️ Foire aux objections
« On n’a pas les moyens » Sans amortissement, beaucoup d’équations « semblent » tenables… puis dérapent. Intégrer 4 250 €/jour et 12 €/passage (repères moyens) change les priorités : cibler des investissements à ROI court (régulation, récupération de chaleur, CTA/déshu efficients) et reprogrammer l’offre rapporte plus qu’un gel des moyens. Collectivités Locales
« On veut juste ouvrir plus longtemps » Ouvrir plus, oui si la valeur incrémentale est positive (recettes > coûts incrémentaux RH + fluides). Sinon, reconfigurer des créneaux (formats compacts, activités premium) et co-construire avec clubs/écoles une grille plus efficiente. Collectivités Locales
« Le problème, c’est l’énergie » Oui, mais les fluides ne pèsent « que » ~17 % du total : les RH (~50 %) et la fréquentation (coût par passage) sont tout aussi structurants. L’efficience est un système (technique + usage + organisation), pas une liste d’achats. Collectivités Locales
« La qualité de l’air, on verra plus tard » Non. NCl₃ ≤ 0,3 mg/m³ est un enjeu santé-travail et expérience usager. Les solutions (air neuf, captation, hygiène, oxydation avancée bien dimensionnée) améliorent la satisfaction et réduisent l’absentéisme. Anses
✅ Passer de la dépense subie à l’investissement utile
Ces dix chiffres tracent une boussole claire. Ils montrent que la piscine n’est pas un gouffre budgétaire « par nature », mais un actif stratégique… si on la pilote sur des bases objectivées :
- admettre le vieillissement et planifier la rénovation utile ;
- piloter au coût complet et à la valeur d’usage ;
- agir simultanément sur la technique (eau/air/énergie), l’offre (mix encadré/public, créneaux), les compétences et l’hygiène(30–50 L/baigneur/jour).
Message aux élus et directions :
Vous pouvez réduire le coût unitaire et améliorer la qualité en moins de 18 mois si vous hiérarchisez bien les actions.
Ce que nous faisons chez AQUA PROXIMA :
- Audit d’exploitation 360° (technique, data, RH, qualité eau/air) avec plan d’actions chiffré.
- Formations opérationnelles (traitement d’eau/air, maintenance P2-P3, hygiène & accueil, management d’équipes).
- Modélisations économiques (coût complet, coût/passages, scénarios SPA / SPIC / DSP).
➡️ Si vous souhaitez transformer ces chiffres en résultats, on peut partir de vos données réelles (fréquentation, coûts, incidents, qualité d’eau/air) et bâtir un plan en 3 volets (exploitation / technique / offre) avec des objectifs trimestriels mesurables.