L’équipement le plus aimé, le plus exposé, le plus fragile

Pour beaucoup d’élus, la piscine publique incarne la fierté d’une politique locale visible :
un équipement populaire, inclusif, porteur de valeurs sportives, éducatives et sociales.

Mais derrière le symbole se cache souvent une réalité économique et technique complexe :

  • des dépenses en hausse constante (énergie, maintenance, personnel),

  • des installations vieillissantes,

  • et une gouvernance parfois défaillante, faute d’outils ou de temps.

Aujourd’hui, le modèle historique des piscines publiques montre ses limites.
Le coût de fonctionnement explose, les obligations réglementaires se multiplient, les attentes du public évoluent.

Face à ce constat, il est urgent de repenser le pilotage de ces équipements essentiels,
et de leur redonner un nouveau souffle, à la fois politique, technique et humain.

I. Un équipement stratégique en perte de maîtrise

1. La piscine, miroir de la gouvernance locale

La piscine publique n’est pas un équipement comme les autres.
Elle combine :

  • des installations industrielles sensibles (traitement de l’eau, chauffage, ventilation),

  • des risques sanitaires et juridiques (qualité de l’eau, sécurité ERP),

  • et un personnel hautement qualifié (MNS, techniciens, agents d’accueil, encadrants).

Pourtant, dans nombre de collectivités, le pilotage reste partiel :

  • un prestataire technique agit sans réel contrôle,

  • les rapports d’exploitation sont lus mais rarement analysés,

  • et les indicateurs de performance sont absents.

Résultat : les élus subissent la piscine au lieu de la gouverner.

2. La dette invisible de la maintenance

Les pannes techniques, arrêts de bassin et dérives de consommation ne sont pas des fatalités.
Elles traduisent un défaut structurel de maintenance préventive.

Chaque fuite, chaque pompe mal réglée, chaque CTA mal entretenue engendre :

  • des surcoûts énergétiques,

  • des dégradations irréversibles,

  • et parfois une fermeture administrative.

Le paradoxe est connu :
On dépense plus à corriger qu’à prévenir.
Une gestion préventive bien planifiée coûte jusqu’à 40 % moins cher sur le cycle de vie d’un équipement.

3. La responsabilité politique : une réalité méconnue

L’article L.2224-1 du Code général des collectivités est clair :

“Les services publics industriels et commerciaux des collectivités territoriales sont exploités dans les conditions prévues par la loi.”

Qu’il s’agisse d’une régie directe ou d’une DSP, la collectivité demeure responsable :

  • de la conformité des installations,

  • de la qualité de l’eau distribuée,

  • et de la continuité du service public.

Ne pas maîtriser ces éléments, c’est exposer le maire ou le président d’EPCI à une responsabilité juridique directe.
C’est aussi affaiblir la crédibilité politique du service public.

II. ⚙️ Repenser le pilotage : la clé d’un service public performant

1. Passer d’une logique de “gestion” à une logique de “pilotage”

Une piscine n’a pas besoin d’un gestionnaire administratif, mais d’un pilote stratégique.
Cela suppose une approche globale fondée sur trois piliers :

Pilier Objectif Indicateurs clés
Technique Sécuriser les installations et fiabiliser la maintenance Plan préventif, conformité ARS, disponibilité équipements
Économique Optimiser les coûts sans réduire le service €/baigneur, ratio énergie/m², taux de disponibilité
Humain et politique Mobiliser les agents, valoriser le service public taux d’absentéisme, satisfaction usager, qualité perçue

Cette approche transforme le centre aquatique en centre d’équilibre, capable de produire de la valeur sociale tout en maîtrisant son budget.

2. L’audit d’exploitation : outil de lucidité

Avant d’agir, il faut diagnostiquer.
L’audit d’exploitation, réalisé par un expert indépendant, permet de :

  • mesurer les coûts réels (énergie, maintenance, personnel),

  • identifier les pertes et les risques,

  • comparer les performances à des références nationales,

  • proposer une trajectoire d’optimisation sur 3 à 5 ans.

“On ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas.”
Cette logique de pilotage, déjà en place dans le privé, doit devenir la norme du service public local.

3. Des indicateurs de performance partagés

Une collectivité performante est celle qui sait où elle en est, et où elle veut aller.
Quelques exemples d’indicateurs simples et efficaces :

  • consommation d’énergie par m² de plan d’eau,

  • coût d’exploitation par baigneur,

  • taux de satisfaction usagers,

  • nombre d’incidents techniques / an,

  • respect du plan de maintenance.

L’enjeu : objectiver le débat politique, sortir du ressenti, et inscrire la piscine dans une logique de transparence et de performance publique.

III. L’équilibre budgétaire, un acte de gouvernance

1. La vérité du coût global

Une piscine ne coûte pas “ce qu’on pense”.
Le coût réel se mesure sur le cycle de vie complet :
construction + maintenance + énergie + personnel + renouvellement.

Un équipement performant ne se juge pas à son budget annuel, mais à sa capacité à durer sans dérive.
Autrement dit : mieux vaut prévenir que subventionner éternellement.

2. L’effet domino des petites défaillances

Une fuite d’eau de 5 L/h sur une pompe, une CTA mal régulée, un filtre colmaté…
Ce sont des détails invisibles, mais ils peuvent engendrer :

  • +15 % de consommation énergétique,

  • une dégradation prématurée des matériaux,

  • et un risque de fermeture partielle.

Là encore, la maîtrise technique devient une arme budgétaire.

3. Du budget subi au budget piloté

L’objectif n’est pas de “faire des économies”, mais de reprendre la main.
Un élu doit pouvoir dire :

“Je sais où part chaque euro, et pourquoi.”

Cela passe par :

IV. La transition écologique, catalyseur du changement

1. Une obligation nationale devenue opportunité locale

Les lois “Climat et Résilience” et “Tertiaire” imposent à toutes les collectivités une réduction de 40 % des consommations d’ici 2030.
Les piscines, ERP les plus énergivores (jusqu’à 2 000 kWh/m²/an), sont en première ligne.

Mais cette contrainte devient un levier de transformation :

  • renouvellement des CTA à haut rendement,

  • récupération d’énergie sur les rejets,

  • couvertures automatiques des bassins,

  • éclairage LED piloté,

  • suivi numérique des consommations.

Ces investissements peuvent être financés en partie par l’ADEME, les Régions, la DETR ou le FEDER, à condition d’avoir un diagnostic préalable fiable.

2. La sobriété comme marque politique

Réduire la consommation d’eau et d’énergie n’est pas qu’un geste technique :
c’est un acte politique fort.
C’est montrer qu’une collectivité peut conjuguer écologie, responsabilité et performance sans renoncer au service public.

“La sobriété n’est pas la contrainte de demain, c’est la compétence d’aujourd’hui.”

V. L’humain, premier moteur du changement

1. L’engagement des agents

Le meilleur plan d’action échoue si les équipes ne sont pas mobilisées.
Les agents d’entretien, MNS, techniciens, responsables d’exploitation sont les gardiens du service public.
Les former, les écouter et leur donner des outils, c’est assurer la continuité et la qualité du service.

2. La montée en compétence managériale

Les directeurs de piscines doivent être des managers de performance, pas seulement des coordinateurs d’activités.
Former les cadres à la gestion budgétaire, à la maintenance, à la communication et au pilotage d’indicateurs devient un investissement rentable.

VI. Trois leviers pour un nouveau souffle

1. Le pilotage

Créer une gouvernance claire et partagée, avec un suivi technique, budgétaire et managérial.

2. La performance

Mettre en place des audits, indicateurs et plans d’action concrets pour améliorer la fiabilité, l’efficacité et la satisfaction.

3. Le projet politique

Assumer que la piscine est un levier de santé, de lien social et d’image.
Faire de cet équipement un symbole de cohérence et de responsabilité locale.

Conclusion – Redonner sens et souffle au service public aquatique

La piscine publique concentre tous les défis contemporains de la gestion locale :

  • sobriété énergétique,

  • exigence de transparence,

  • responsabilité politique,

  • attente citoyenne accrue.

Mais elle peut devenir, si elle est bien pilotée, un exemple de service public moderne, équilibré et durable.

L’urgence n’est pas de construire de nouvelles piscines.
L’urgence est de mieux gérer celles que nous avons déjà.

AQUA PROXIMA accompagne les collectivités dans la maîtrise, la performance et la valorisation de leurs piscines publiques :
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